Chirurgie orthognathique : les complications possibles

Chirurgie orthognathique : les complications possibles

Quelques complications peuvent survenir à la suite d’une chirurgie aux mâchoires, malgré toutes les précautions prises avant, pendant et après l’intervention chirurgicale tant par votre chirurgien que par vous une fois de retour à la maison. Certaines complications peuvent être prévenues jusqu’à un certain point, tandis que d’autres arrivent de façon aléatoire.

Certaines complications sont temporaires et ne laissent aucune séquelle derrière elles. D’autres sont malheureusement permanentes; vous devrez apprendre à vivre avec les désagréments qui les accompagnent. Heureusement, ces complications sont assez rares. Tous les chirurgiens ont le devoir d’expliquer les risques possibles associés à la chirurgie orthognathique à chaque patient avant l’intervention. N’hésitez pas à poser toutes les questions qui vous viennent à l’esprit afin d’obtenir des réponses, accepter les risques et vous sentir en confiance avant de prendre votre décision d’aller de l’avant ou non avec l’opération.

En cas de doute ou d’inquiétude, surtout si vous commenciez à mieux vous sentir et que subitement, vous allez moins bien ou des symptômes qui étaient disparus refont surface ou s’empirent au lieu de s’améliorer sans pouvoir expliquer les changements, contactez votre chirurgien dans les plus brefs délais; il est le mieux outillé à répondre à vos inquiétudes et intervenir au besoin.

Infection

  • Les sites chirurgicaux peuvent s’infecter à la suite d’une chirurgie de mâchoire. Le risque est plus grand chez les patients plus âgés.
  • Certaines conditions préopératoires peuvent également élever les risques d’infection postopératoires; dans un tel cas, votre chirurgien peut alors décider de vous prescrire des antibiotiques avant votre chirurgie. Il est très important de prendre le traitement tel que prescrit, même si vous n’avez aucun symptôme ou si vous vous sentez mieux.
  • Si vous êtes une femme active sexuellement, vous devez savoir que la prise d’antibiotiques peut altérer l’efficacité de la pilule contraceptive. Vous devez donc prendre des précautions supplémentaires pour éviter une grossesse non désirée durant la durée totale de tout traitement aux antibiotiques. Veuillez vous adresser à votre pharmacien pour en savoir davantage.
  • Les symptômes d’infection postopératoire peuvent inclure de la fièvre, de l’inflammation (caractérisée par de la chaleur localisée et un gonflement anormal), un goût bizarre, salé ou même amer dans la bouche, la présence de pus qui suinte des plaies, etc.
  • Cette complication peut être prévenue; la plupart des chirurgiens prescrivent donc d’emblée des antibiotiques qui sont administrés immédiatement après la chirurgie et/ou de retour à la maison.
  • Si jamais une infection se manifeste malgré toutes les précautions prises, elle est habituellement très facilement traitable.
  • Suivez les recommandations de votre chirurgien pour la prise d’antibiotiques, respectez la posologie fournie par le pharmacien et signalez toute allergie avant la chirurgie afin qu’un antibiotique adapté à votre condition vous soit administré.
  • Rappelez-vous que toutes les infections ne sont pas nécessairement visibles. Il est donc important de contacter votre chirurgien sans délai si vous observez un changement d’aspect de vos plaies ou si votre condition se détériore subitement après une période où vous avez été mieux.

Paresthésie partielle ou totale

  • Étant donné que la chirurgie orthognathique peut affecter des nerfs faciaux qui passent près des endroits où le chirurgien doit couper des os pour repositionner les mâchoires, une paresthésie (fourmillement ou engourdissement) de certaines parties du visage peut survenir.
  • C’est la complication la plus fréquente, mais elle est malheureusement imprévisible. Elle est produite par une lésion survenant pendant la chirurgie; une lésion est une atteinte ou une irritation d’un nerf.
  • Les régions les plus fréquemment touchées sont la lèvre inférieure, le menton les joues, les dents, la langue et le nez qui sont desservis par les nerfs les plus susceptibles d’être atteints durant la chirurgie, soient le nerf lingual, le nerf alvéolaire inférieur et beaucoup plus rarement, le nerf trijumeau. Pour en savoir plus, vous pouvez vous référer à des explications sur ces nerfs et les conséquences qui peuvent en découler.
  • Les patients sont plus susceptibles d’en souffrir à mesure qu’ils vieillissent.
  • Afin de minimiser les risques, votre chirurgien prendra des radiographies et/ou des scans préopératoires afin d’évaluer l’emplacement des nerfs qui pourraient se trouver à proximité des coupes osseuses à faire pendant l’intervention.
  • Selon la nature de vos symptômes et la façon dont votre sensibilité est affectée, vous pouvez être atteints de paresthésie, d’hyperesthésie ou de dysesthésie. Certaines personnes rapportent également une sensibilité accrue au froid, à la chaleur et/ou au toucher des régions du visage affectées.
  • La nature étant ce qu’elle est, il est très difficile de prévoir si la perte de sensibilité sera seulement temporaire ou permanente.
  • Le temps est le seul indicateur et le seul remède à savoir si la condition s’améliorera ou stagnera après un certain délai. Aucune mesure ne peut être prise pour améliorer la situation plus rapidement.
  • Habituellement, les sensations tendent à revenir à la normale plus rapidement dans le haut du visage ou la lèvre supérieure et stagnent plus longtemps pour le bas du visage et la lèvre inférieure.
  • Lorsqu’il est temporaire, l’engourdissement peut persister de quelques semaines à plus d’un an pour finalement se résorber complètement. La plupart des patients retrouveront leur sensation normale en approximativement six mois ou moins. La durée de la paresthésie dépend de la gravité de la lésion subie. Durant cette période de guérison des nerfs, vous pourriez ressentir des sensations inhabituelles, des tiraillements ou des petites décharges électriques là où l’engourdissement est ressenti.
  • Une paresthésie permanente est tout de même très rare, soit moins de 5% des cas. Même si le risque que vous soyez atteint pour le reste de vos jours demeure, les patients tendent à rapporter qu’ils vivent très bien malgré une perte de sensibilité au visage; celle-ci ne vous empêchera pas, entre autres, de vous alimenter ou d’embrasser.

Douleurs à l’articulation temporomandibulaire (ATM)

  • Les douleurs et les inconforts aux articulations temporomandibulaires (ATMs) sont fréquents après une chirurgie orthognathique. Repositionner les mâchoires peut mettre un stress sur les ATMs qui doivent ensuite s’adapter à la nouvelle position des os pour retrouver leur fonction normale.
  • Certains patients sont opérés à cause de douleurs aux articulations de mâchoire en espérant que cette chirurgie corrige les problèmes. Parfois, ces derniers disparaissent. Dans d’autres cas, ils restent semblables ou sont même exacerbés.
  • Dans certains cas, des patients qui n’avaient pas de troubles à l’ATM pourront voir des symptômes apparaître, surtout s’ils étaient prédisposés à développer éventuellement des problèmes à cause de leur malocclusion. Ces symptômes incluent des crépitements, des claquements et d’autres petits bruits en avant des oreilles; ils ne sont habituellement pas dangereux pour vos ATMs.
  • Si vous pensez que des symptômes touchant vos articulations de mâchoire sont dus à votre chirurgie, discutez-en avec votre chirurgien pour qu’il puisse investiguer de façon plus approfondie et vous conseiller sur les options pour tenter de vous soulager s’ils sont douloureux.

Dommage ou nécrose (mort) d’une dent

  • Les dents adjacentes aux coupes chirurgicales d’une opération aux mâchoires, en l’occurrence les deuxièmes molaires, sont à risque de se faire endommager ou se nécroser (mourir) quelque temps après une chirurgie orthognathique.
  • Cette « mort dentaire » est provoquée par une atteinte au nerf et aux vaisseaux sanguins qui alimentent la dent; cette atteinte peut accidentellement être causée par les coupes chirurgicales.
  • Pour prévenir la complication, votre chirurgien évaluera la position des racines de vos dents voisines aux traits de coupe anticipés avec des radiographies et/ou des scans de vos mâchoires. Tout sera mis en place pour minimiser les risques qu’une dent meure à la suite d’une chirurgie aux mâchoires.
  • Des traitements existent, tels qu’un traitement de canal, pour régler le problème et vous ne perdrez pas nécessairement votre dent. Votre chirurgien buccal et maxillo-facial est le mieux placé pour évaluer votre situation et agir en conséquence le cas échéant.

Échec de la fixation rigide

  • Votre chirurgien utilise des plaques et des vis en titane pour fixer les segments osseux de vos mâchoires dans leur nouvelle position, tant au niveau du maxillaire, de la mandibule que du menton. Cette étape de l’opération s’appelle la fixation rigide des segments osseux. Notez que ces plaques et vis demeurent habituellement en place indéfiniment, à moins que vous expérimentiez des problèmes avec celles-ci après votre guérison.
  • Dans de rares cas, il peut y avoir un échec de cette fixation rigide. C’est pourquoi il est important de faire les suivis postopératoires recommandés par votre chirurgien. Pendant ces suivis, il s’assurera que la guérison se passe comme prévu et il observera également les comportements de vos mâchoires dans leur nouvelle position.
  • S’il détecte que l’occlusion n’est pas ce qu’elle serait censée être une fois la majorité de l’enflure disparue, il peut vous proposer de vous réopérer afin de repositionner le segment qui s’est déplacé ou d’attendre une guérison complète avant de procéder. Il est habituellement souhaitable de procéder avec la reprise de la chirurgie plus tôt que plus tard afin de ne pas laisser au corps le temps de reformer l’os dans les coupes osseuses.

Récidive

  • Lorsqu’une personne passe une bonne partie de sa vie avec des mâchoires mal alignées et qu’elles sont soudainement repositionnées lors d’une chirurgie orthognathique, il peut arriver que le corps veuille revenir à son état original.
  • Une petite récidive n’est pas rare, mais elle affecte moins fréquemment négativement la nouvelle occlusion, c’est-à-dire la relation entre les deux mâchoires. Cependant, il existe un faible risque d’observer une récidive assez importante pour envisager une autre chirurgie, car l’occlusion n’est plus optimale.
  • Dans le cas où la chirurgie corrige une rétrognathie mandibulaire, la mâchoire inférieure aura donc tendance à reculer pour revenir légèrement à sa position reculée par rapport à la mâchoire supérieure. Le contraire (la mandibule tente d’avancer) est beaucoup moins fréquent, car la nouvelle occlusion obtenue chirurgicalement fait en sorte que les dents supérieures empêchent, dans une certaine mesure, de permettre à la mandibule d’avancer à nouveau à sa position d’origine, entre autres.
  • Lorsque le chirurgien doit effectuer un avancement mandibulaire important de plusieurs millimètres, il arrive parfois qu’il exagère le mouvement pour permettre une certaine récidive de se produire sans impacter négativement l’occlusion.
  • Dans certains autres cas, la mandibule recule de façon importante, ce qui crée un écart de plusieurs millimètres entre les deux mâchoires.
  • Lors d’une récidive, la mandibule peut reprendre progressivement sa position d’origine quelque temps, voire des années, après la chirurgie initiale.
  • Certaines récidives sont idiopathiques, c’est-à-dire qu’aucune cause précise n’est trouvée. Les forces musculaires présentes avant la chirurgie peuvent être en cause dans ces cas; ces forces ont été établies tout au long de votre vie et votre corps y est habitué.
  • Dans d’autres cas, la récidive peut être causée par un remodelage important d’un condyle. Le condyle est le bout de la branche montante de la mandibule qui se loge dans la fosse mandibulaire de l’os temporal (au crâne) et qui fait partie de l’ATM. Ce remodelage peut aussi être tellement important que le condyle semble avoir fondu; on appelle alors ce phénomène résorption condylienne.
  • Une résorption condylienne peut affecter la position de la mandibule et causer des troubles de l’ATM, des douleurs, le recul de la mandibule et l’apparition d’une béance antérieure (open bite). Dans ces cas, il est important de consulter à nouveau votre chirurgien pour investiguer davantage et obtenir un plan de traitement adéquat à votre situation.

Fracture imprévue de la mandibule

  • Dans la très grande majorité des cas, les endroits où les os de la mâchoire sont coupés pendant une chirurgie orthognathique guérissent d’eux-mêmes avec la régénération osseuse normale.
  • Une fracture imprévue de la mandibule peut survenir chez des patients qui ont une qualité et densité osseuses insuffisantes pour tolérer les coupes effectuées lors de la chirurgie et une fissure apparaît. Plusieurs facteurs peuvent prédisposer un patient à une fragilisation des os, tels que l’âge avancé du patient, une condition génétique ou encore l’ostéoporose, entre autres.
  • Cette complication est très rare si des précautions préopératoires suffisantes sont prises par votre chirurgien.
  • Afin de minimiser les risques de fracture, votre chirurgien vous recommandera de vous extraire les dents de sagesse, si vous les avez encore bien entendu, six mois avant votre chirurgie. Ce délai permet à l’alvéole, le trou laissé par l’enlèvement d’une dent dans l’os de la mâchoire, de se refermer et permet également à l’os de se densifier.
  • Des radiographies standards, un examen clinique conventionnel et même une tomodensitométrie effectués avant la chirurgie permettent à votre chirurgien d’analyser la qualité et la densité de vos os de mâchoire. S’il juge qu’elles sont insuffisantes, il peut vous recommander une greffe osseuse plusieurs mois avant la chirurgie afin d’augmenter les chances que celle-ci se déroule bien.
  • Si une fracture survient malgré toutes les précautions prises, votre chirurgien vous donnera ses recommandations pour que vous en guérissiez correctement.

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