L’illustration suivante montre comment les cellules ostéoclastes sont rendues inefficaces par l’action des bisphosphonates et peuvent même mourir.3
Les bisphosphonates absorbés par les ostéoclastes neutralisent ces cellules et modifient ainsi le métabolisme osseux en empêchant la résorption osseuse.
Les bisphosphonates oraux ou administrés par voie intraveineuse (points rouges) se lient aux minéraux contenus dans l’os et y demeurent emprisonnés.
(A) Les ostéoclastes s’attachent aux surfaces minérales des os exposés et initient la résorption osseuse. Un milieu acide sous les ostéoclastes dissous la surface de l’os sur laquelle est l’ostéoclaste (résorption osseuse), ce qui libère les BP de la matrice osseuse. Les produits de cette résorption et de la matrice digérée sont ensuite absorbés par les ostéoclastes.
(B) Après avoir absorbé les bisphosphonates, les ostéoclastes subissent des changements, y compris la perte de leur bordure en brosse, et deviennent inactifs, ce qui empêche la résorption osseuse, et leur durée de vie diminue. 3,5 Après 3 mois d’utilisation de bisphosphonates oraux, la résorption osseuse est diminuée de 50% à 75% 11 Des biopsies de sites de fracture ont montré une diminution de 95% dans la formation des os.
(C) Éventuellement, les ostéoclastes se détachent de la surface de l’os et peuvent ensuite demeurer dans la moelle osseuse sous forme de grandes cellules multinucléées inactives, tandis que la zone de résorption dans l’os est remplie d’os nouveau.
(D) Après l’arrêt du traitement aux bisphosphonates, de nouveaux cycles de remodelage osseux peuvent libérer des BP demeurés dans l’os et leur absorption par les ostéoclastes entraînera aussi une diminution de la résorption. Le cycle recommence alors. Parce que les bisphosphonates ne sont pas métabolisés, des concentrations ± élevées peuvent persister dans l’os pendant de longues périodes, jusqu’au delà de 10 ans pour certains produits.
(E) Les bisphosphonates peuvent également être libéré par désorption à partir de l’os, c’est-à-dire que les particules de BP sont libérées par les pores et interstices de l’os à une vitesse dépendant de leur affinité de liaison.
Radiographie panoramique d’une femme de 46 ans prenant des bisphosphonates intraveineux (Acclasta) (A) Avant le traitement. (B) Pendant le traitement, on peut remarquer un épaississement généralisé de l’os alvéolaire autour des racines, particulièrement dans la région des molaires et prémolaires (flèches, zones plus blanches = densité osseuse plus grande). (C, D) Agrandissement des régions molaires inférieures.
Une prémolaire supérieure droite avait été extraite (voir photo ci-dessous) et la fermeture de l’espace avait été très longue, plus de 2 fois la durée normale.
Comparaison entre l’os normal et l’os affecté par l »ostéoporose. (A et C) représentent de l’os avec une densité normale tandis que (B, D et E) sont des images d’os affecté par l’ostéoporose. On y remarque de plus grandes interstices et une densité moindre. Note; A et B sont au même grossissement ainsi que C et D.
Lors de la formation normale de l’os, une matrice de tissu conjonctif est d’abord élaborée et minéralisée par des cellules spécialisées (ostéoblastes) et les ostéoclastes éliminent l’os ancien qui doit être renouvelé. Comme dans tout tissu vivant, les cellules plus âgées sont constamment remplacés par des plus récentes. Les biphosphonates perturbent ce processus de renouvèlement en empêchant la résorption de l’os ancien par les ostéoclastes qui sont inhibés et mêmes meurent sous l’effet de ce produit chimique. Sans la possibilité d’éliminer le « vieil » os par les ostéoclastes, le tissus osseux soumis à l’effet à long terme des bisphosphonates apparaît plus dense sur les radiographies mais est en fait plus faible, moins vascularisé et plus sujet à des effets secondaires indésirables tels que des fractures de stress spontanées et de l’ostéonécrose des mâchoires liés aux bisphosphonates. Il est triste et ironique que des médicaments destinés à renforcer les os causent autant de destruction!15
Le tissu osseux subit un processus continu de destruction et de formation de sorte que, chaque année, environ 10% du squelette adulte est remodelé ou renouvelé. Un déséquilibre entre la vitesse ou le taux de dégradation et de formation conduit à la perte osseuse. Il en résulte une fragilisation des os et un risque accru de fractures. Les sites les de fracture plus communs sont la hanche, la colonne vertébrale et le poignet. L’ostéoporose est commune, affectant plus de 200 millions de personnes dans le monde entier. Une femme sur trois et un homme sur cinq, âgé de 50 ans peut éventuellement subir des fractures ostéoporotiques.16
Bien que les médecins et patients aient été amenés à croire que ces médicaments renforcent les os, une étude récente de l’Université Columbia montre qu’en fait, ils peuvent créer plus de problèmes. L’étude a confirmé les dangers à long terme de l’utilisation des bisphosphonates dont les plus couramment prescrits; Boniva, Fosamax, et Reclast. Les chercheurs ont constaté que ces médicaments améliorent l’intégrité des os mais seulement à court terme et ont constaté que la prise chronique de ces médicaments fragilise les os.
Une deuxième étude a comparé les os des femmes qui ont pris des bisphosphonates avec ceux des femmes qui n’en ont pas pris. Les deux groupes avaient des os qui semblaient avoir la même structure mais les os des femmes avec des bisphosphonates n’étaient pas aussi forts que ceux de celles qui n’en prenaient pas. Alors que les bisphosphonates augmentent la densité osseuse et font que les os semblent solides, les chercheurs de ces deux études estiment que les bisphosphonates interfèrent avec la capacité naturelle du corps à bâtir des os solides et en santé. Ainsi, au lieu de guérir l’ostéoporose, les bisphosphonates contribueraient à l’empirer.
Après des années d’utilisation, les bisphosphonates peuvent, dans de rares cas, conduire à des os plus faibles chez certaines femmes, contribuer à «évènements indésirables rares mais graves», notamment des fractures inhabituelles du fémur, des cancers de l’œsophage, de l’ostéonécrose de la mâchoire et un effritement défigurant et douloureux de l’os de la mâchoire.14
Après l’âge de ±30 ans, les os des femmes commencent à se « dissoudre » plus rapidement qu’ils peuvent être reconstruits et, après la ménopause, les femmes peuvent développer des os fragiles plus susceptibles aux fractures. Les bisphosphonates ralentissent ce processus mais sont incorporés dans l’os nouvellement formé et peuvent y demeurer pendant des années même si la prise des BP est arrêtée (jusqu’à 10 ans pour l’alendronate).14
Tel que mentionné précédemment, les bisphosphonates pas ne sont pas métabolisés par le corps et ils peuvent être éliminés de deux façons;
Différents endroits du corps humain présentent des taux de réparation des os qui peuvent varier d’un endroit à l’autre. L’os alvéolaire qui entoure les dents a un taux de remodelage ou changement qui est 10 fois plus grand que les os du reste du squelette à cause des forces importantes de mastication qui les sollicitent régulièrement. Les BP qui ont été incorporés dans l’os seront éliminés lentement mais cela se produira selon le taux de renouvèlement (« turnover ») de l’os. Pendant un traitement d’orthodontie, ce taux de renouvèlement est encore plus rapide pour permettre le déplacement des dents dans l’os alvéolaire. Ceci implique que plus de bisphosphonates peuvent être liés et incorporé autour des dents qu’ en d’autres endroits du corps.17,18
Les BP incorporés dans l’os deviennent inactifs mais redeviendront actifs lorsque libérés progressivement pendant la réparation des os. Ceci, en retour, ralentira le renouvèlement osseux et donc l’élimination même des BP, ce qui explique leur présence à très long terme (plus de 10 ans). Les bisphosphonates incorporés aux os diminuent les fractures jusqu’à 5 ans après avoir cessé la prise de ce médicament. Un traitement orthodontique peut subir les effets des BP pendant des années. Des études rapportent aussi des défaillances et échecs d’implants dentaires plusieurs années après la prise de BP.
Il fut possible d’évaluer cliniquement qu’après seulement 3 mois d’utilisation de bisphosphonates oraux, la résorption osseuse mesurée à l’aide des marqueurs ostéoclastiques systémiques osseux, diminue entre 50 et 75% et après 6 mois, la formation osseuse mesurée avec des marqueurs ostéoblastiques diminua aussi de 50%.
Voici quelques exemples de bisphosphonates disponibles commercialement :
À noter que les bisphosphonates ne sont pas utilisés chez les enfants et adolescents de moins de 18 ans et ne devraient pas être pris pendant la grossesse. 12
Différentes marques de bisphosphonates oraux et intraveineux disponibles sur le marché.
Références :
1- Graham J., Bisphosphonates and Orthodontics: Clinical Implications. Jour Clin Ortho, July 2006 p. 425
2-Current state of orthodontic patients under bisphosphonate therapy. Head Face Med. 2013 Apr 4;9:10. doi: 10.1186/1746-160X-9-10.
3- Socrates E. Papapoulos. Illustration; Uptake and release of bisphosphonates from bone. Nature Reviews Rheumatology 9, 263-264 (May 2013)
4- http://fr.wikipedia.org/wiki/ ostéopporose, ostéopénie (2014-01-11)
5- James J. Zahrowski, Optimizing orthodontic treatment in patients taking bisphosphonates for osteoporosis. Am J Orthod Dentofacial Orthop 2009;135:361-74)
6- Bone Safety of Long-Term Bisphosphonate Treatment, Gideon Rodan, Alfred Reszka, Ellis Golub, René Rizzol, Curr Med Res Opin. 2004;20(8)
7-American Dental Association; Bisphosphonate recommendations updated, by Jennifer Garvin, August 28, 2008 – http://www.ada.org/news/1876.aspx
8- Use of Bisphosphonates to Improve the Durability of Total Joint Replacements JAAOS April 2006 vol. 14 no. 4 215-225
9- Rosen C. Postmenopausal osteoporosis. N Engl J Med 2005;353: 595-603. 10- Khosla S, Melton LJ. Osteopenia. N Engl J Med 2007;356: 2293-300.
11- Black DM, Thompson DE, Bauer DC, Ensrud K, Musliner T, Hochberg MC, et al. Fracture risk reduction with alendronate in women with osteoporosis: the Fracture Intervention Trial. FIT re- search group. J Clin Endocrinol Metab 2000;85:4118-24.
12- MHRA Regulating Medecine and Medical Devices; www.mhra.gov.uk
13- Atul F. Kamath, Current Controversies in Bisphosphonate Therapy, Orthopedics, July 2009 – Volume 32 · Issue
14- NY Times http://well.blogs.nytimes.com Well Woman By Tara Parker-Pope.
15- Center for Cooperative Medecine. cooperativemedicine.com/laser-articles/bone-healing-osteoporosis-2/
16- National Rheumatoid Arthritis Society (Registered in England and Wales) www.nras.org.uk/about_rheumatoid_arthritis/established_disease/possible_complications/osteoporosis_in_ra.aspx
17- Lin JH. Bisphosphonates: a review of the pharmacokinetic prop- erties. Bone 1996;18:75-85.
18- Licata AA. Discovery, clinical development, and therapeutic uses of bisphosphonates. Ann Pharmacother 2005;39:668-7